L’Esprit Saint à l’œuvre

au cœur de notre paroisse

Pendant plusieurs semaines,

des membres de notre paroisse ont vécu une expérience forte

à travers le parcours Effusion de l’Esprit.

Enseignements, louange, partages fraternels et prière ont jalonné

ce chemin spirituel, conduisant chacun à une rencontre

renouvelée avec l’Esprit Saint.

Retour sur un temps de grâce, de transformation et de communion.

 

Par Vincent Jaisson.

C’est avec une curiosité intéressée que j’ai accueilli la proposition du père Jean-Eudes de m’inscrire au parcours sur sept semaines de préparation à l’Effusion de l’Esprit, déclinée pour la première fois à ma connaissance dans notre belle et dynamique paroisse de Cormeilles-La Frette. C’est une chance que l’Église nous invite périodiquement à vivre des événements spirituels exceptionnels (jubilés, retraites, pèlerinages, …).

A dire vrai, l’expression d’Effusion de l’Esprit ne m’était pas totalement inconnue. L’Esprit Saint avait certes été d’abord pour moi le grand méconnu de la Sainte Trinité. Je n’ai ainsi longtemps pas réalisé qu’il était une Personne qu’on peut prier et invoquer. C’est au cours d’un pèlerinage en Terre Sainte avec mon papa en 2007 que j’ai rencontré pour la première fois cette appellation un peu mystérieuse d’Effusion de l’Esprit. Méfiant à l’origine du fait de son origine protestante supposée, mais rassuré par une dénomination en définitive moins ambiguë que celle de « baptême dans l’Esprit » retenue par les pentecôtistes anglo-saxons, j’ai découvert que l’Esprit souffle où il veut comme nous le dit Saint Jean (3, 8). Se pouvait-il par ailleurs que les dons de l’Esprit Saint, qui ont touché les premiers apôtres au commencement de l’histoire de l’Eglise, soient subitement devenus obsolètes et désuets ? L’Ecriture elle-même ne nous enseigne-t-elle pas également que le Christ,  c’est à dire « Celui qui est oint de l’Esprit », a promis que « le Père du Ciel donnera l’Esprit Saint à ceux qui le Lui demandent » (Luc 11,13). Je déduisais à l’époque de mes maigres découvertes que l’Effusion de l’Esprit devait résulter d’un chemin de conversion, d’un abandon total à la divine Providence, d’une totale disposition de l’être au bon vouloir de l’Esprit Saint dans la confiance.

A Lisieux, le jour de la Pentecôte 2008, sur les terres normandes de ma chère petite Thérèse et devant la statue de la Vierge au sourire du Carmel, j’ai formulé seul un acte d’abandon à Jésus par Marie, désireux de faire de mon corps de pauvre pêcheur un temple de l’Esprit Saint. Les fruits de cette humble prière ont été au-delà de toutes mes attentes et j’ai fondu en larmes devant une expérience spirituelle spéciale, forte, bouleversante. Avais-je vécu de façon impromptue la grâce d’une Effusion spontanée ? Ce qui est sûr, c’est qu’à dater de ce jour, je suis passé d’une foi reçue culturellement de mes aînés à une foi plus profonde et davantage spirituelle, d’une foi tiède et d’une approche intellectuelle des questions religieuses à une expérience vivifiante du Christ vivant en moi, selon la belle expression de Saint Paul. Tout cela restait néanmoins bien obscur pour ma compréhension ! Surtout, au-delà de quelques semaines d’enthousiasme spirituel quasi mystique, de réelle transformation et de renouveau intérieur où j’ai vécu une relation plus intense avec mon Seigneur et mon Dieu, où mon goût pour la prière et ma soif d’une Parole de Vérité qui me parlait désormais davantage se développaient, où ma fréquentation des Sacrements, et singulièrement de celui de la réconciliation qui me rebutait pourtant jusqu’ici, se faisait plus aisément, où mon amour pour tous mes frères et mes sœurs quels qu’ils soient et pour l’Eglise catholique grandissait, où ma désinhibition à témoigner de ma foi me surprenait, force était de constater que j’étais assez vite revenu à des temps plus arides d’une vie chrétienne très ordinaire.

Or voilà qu’on me proposait, au sein de ma paroisse, dans la communion ecclésiale et le discernement pastoral, le défi de cheminer sept semaines dans le temps de Pentecôte pour approfondir le don de l’Esprit, recueillir à nouveau ses fruits et « renaître d’en haut » selon la proposition de Jésus au chercheur de Dieu qu’est Nicodème (Jean 3 : 1-17). L’invitation reçue se fixait en effet pour objectif de « donner les clés pour se préparer à (RE)demander le don de l’Esprit Saint et à vivre quotidiennement de ses grâces ». C’était donc bien qu’à la différence des sacrements du baptême et de la confirmation, cette expérience était réitérable !

J’ai au cours du parcours été transporté par la pratique malheureusement trop peu habituelle de la louange, non pas une prière de demande ou même d’action de grâce mais un témoignage spontané de pure reconnaissance. L’un des nombreux chants qui ont fait mon bonheur durant ce parcours, le si entrainant « Esprit de lumière, Esprit créateur », parle explicitement de « restauration » de la joie, du feu et de l’espérance et de la « réanimation » de nos cœurs. Il ne s’agit donc pas de faire venir dans sa vie de chrétien le feu de l’Esprit Saint une fois ou deux seulement mais de l’entretenir, de l’alimenter, de le ranimer régulièrement quand il s’essouffle. L’acquisition du Saint Esprit, dont le grand Saint orthodoxe Séraphim de Sarov nous dit dans un résumé saisissant qu’il n’y a rien de plus important pour la vie chrétienne, est donc un idéal à cultiver chaque jour sans relâche.

Je me suis engagé avec volontarisme dans ce parcours, parfois en deçà de ce qui était proposé, mais je n’ai pas été déçu ! J’ai en effet apprécié la chaleur de paroissiens priants heureux de se connaître plus avant au fil des semaines et la ferveur joyeuse d’animateurs dévoués rayonnant simplement du Christ, la mise à disposition d’un matériel pédagogique de grande qualité conçu par la communauté de l’Emmanuel, d’enseignements vidéos concis et lumineux, loin de toute « langue de buis » hermétique, des témoignages enregistrés parfois bouleversant, l’adoration le soir de la rédaction de notre prière de demande de l’Effusion… J’ai à titre personnel été marqué par un témoignage de guérison d’une addiction qui m’a donné, à moi qui ai trop souvent préféré l’eau de vie des spiritueux à l’Eau Vive qu’est l’Esprit Saint, l’envie de savourer « la sobre ivresse de l’Esprit » qu’évoquent dans un bel oxymore des Pères de l’Eglise comme Saint Ambroise. Cette proposition stimulante d’ouvrir grand son cœur à l’Esprit Saint, à l’inattendu de Dieu, aux surprises et aux clins d’œil de l’Esprit Saint, exposée en termes clairs et vécue dans la joie d’une communauté fraternelle m’a comblé. J’y ai redécouvert avec gratitude la présence de l’action discrète et bienveillante de l’Esprit Saint tout au long de ma vie. J’étais le témoin ébahi d’une réactivation des grâces reçues à mon baptême et ma confirmation.

Le dernier soirée de ce parcours a naturellement été l’acmé d’un cheminement que nous avons tous vécu avec nos sensibilités, histoires et approches différentes mais tous portés par la prière communautaire et joyeuse de chacun de nos frères et sœurs et aidés en cela par des catholiques charismatiques extérieurs à la paroisse qui avaient déjà tous vécus la grâce d’une Effusion de l’Esprit et en étaient visiblement sortis transfigurés.

Nous étions alors tous habités par le désir de connaître la force, le courage, la joie, la paix, la simplicité, la douceur et la maîtrise de soi que Dieu promet à ceux qui désirent suivre le Christ jusqu’au bout en portant la Croix par laquelle Il a tout accompli pour notre salut. Les paroles répétées « Je n’ai plus peur » du chant de Glorious « Viens, Saint-Esprit viens ! » semblaient sortir de mon cœur et devenaient performatives ! Nous sommes ressortis le cœur véritablement dilaté comme celui de Saint Philippe Néri, heureux d’être des témoins joyeux de l’Evangile et affermis dans une foi renouvelée.

Abba ! « Que ta volonté soit fête ! » avais-je demandé. Oui, qu’elle soit chaque jour une fête joyeuse quels que soient les desseins de Dieu sur moi. Peu importe en définitive que l’Effusion se soit manifestée pour les uns avec puissance et de manière immédiate lors de cette dernière soirée ou qu’elle soit intervenue pour les autres de façon plus discrète et simple ou même qu’elle ne manifestera ses effets que peut-être beaucoup plus tard. N’accordons pas une place excessive à l’expérience sensible de Dieu en sombrant dans l’émotionalisme ou l’illuminisme. Il est toujours présent à nos côtés même au milieu de nos sécheresse. L’essentiel est, je crois, de rester toujours ouverts aux desseins que l’Esprit Saint a sur nous, de se laisser conduire par lui comme nous le dit Saint Paul (Galates 5, 18), d’« abandonner complètement notre volonté au Seigneur pour qu’Il prenne lui-même soin de tous nos intérêts » comme le dit Sainte Thérèse d’Avila dans le Chemin de perfection et d’accueillir avec discernement les divers charismes comme « des manifestations de l’Esprit Saint données à chacun en vue du bien commun (1 Co 12, 7).

Gloire et louange à notre Dieu, Père, Fils mais aussi Esprit Saint qui renouvelle chaque jour nos existences et la face de la Terre !

Viens Esprit Saint, viens embraser nos coeurs !